enchantements retors

Publié le par Sebastien

Oulan Bator, mardi, 12 heures, GMT + 8


Nous nous sommes retrouves dans la nuit, au detour d`une colonne, dans la gare d`Irkoutsk. Amel n`a pas trouve d`avion pour l`ouest, avant le 23. A 6 heures, au depart du train n*6, nous etions dans le meme wagon et l`agent nous a mis dans le meme compartiment, ou nous etions seuls.

Depuis Irkoutsk, la lune est pleine et file entre les cretes qui menent aux rives du lac Baikal. Mais elle ne tient pas et finit par disparaitre - gavee de tant d`arbres.
L`entree sur le lac se fait au lever du soleil, le voila qui emerge d`un bandeau de nuages plaques a l`horizon. La voie se faufile entre la rive et les premieres elevations, parees d`automne, qui conduisent l`oeil et surement le pas, aux cimes tout juste blanchies de l`Hamar Lavanny Nuruu, chaine frontaliere, cadeau des Mongols, avec le lac, aux Russes.
Le Baikal a effectivement ce gris d`argent et l`heure est propice. Le spectacle dure des dizaines de kilometres. Je suis bientot rejoint, dans le couloir, par Omar, belge d`une petite soixantaine, qui est en train depuis sept jours dont quatre de transsiberien. Nous partageons ces beaux instants. Il va a Oulan Bator, rejoindre sa dulcinee, mongole ayant vecu et travaille en Belgique, pour convoler en noces. Il est fatigue mais plein d`impatiences d`amoureux.
Le convoi vire au sud et s`engage dans la large vallee qui mene a Oulan Ude, derniere gare russe d`importance. Juste apres, la terre se decouvre un peu plus encore et finit, a mesure que le train s`eleve vers de hauts plateaux, en steppe.
Les differents postes frontieres nous occupent plus de cinq heures mais le passage chez les Mongols est doux, entre leurs rires, leurs chuchottements, leurs menus traffics (juste avant et juste apres la frontiere russe)...
La nuit tombe, la voie monte encore. Grande soupe chinoise,facon Bolino, pain local achetes sur le quai, et au lit.

Reveil entre des pentes enneigees, cernees d`azur, nouvelle aube, le train serpente et redescend, en longeant des villages, taches de neves, avec leurs sacrees yourtes - dans le fond, Ulan bator se dessine, sous sa chappe de fumees. De loin, la plus belle etape du parcours en train.
Le soleil se leve, eclate, quand nous rentrons en gare, le bout de la voie, entre deux crustaciers, s`enflamme.

Froid de canard mais on nous attend. Les propositions de Guest House ne manquent pas. Deux jeunes ont l`air de se lancer, ils insistent / ils y tiennent - on y va, ca s`appelle la Dream Road.

Appartement simple mais bien concu, meublement spartiate, la chambre collective compte cinq lits superposes estampilles CCCP, avec sommier en grillage trampoline. Nos hotes sont charmants, ils rient beaucoup aussi, l`accueil est parfait, premier fromage mongol, confiture de baies, proches de la grillote, ramenee de la campagne...

Tout, autour de nous, est captivant - le passage en Asie retourne la tete, la Mongolie attire et l`envie de sortir d`Oulan Bator se fait vite, la terrible Chine est a cote - une americaine, croisee dans la cuisine, vient d`y passer sept mois formidables - mais, entre nous, meme devant un tel faste, l`onde ne passe que peniblement et se froisse, s`irrite, se casse.

Dans la nuit, Amel est repartie pour l`aeroport, elle prendra le premier avion possible. Un peu plus tard, elle m`a appele, d`un hotel, nous nous sommes dits en revoir - nous ne partageons plus l`immediat.

(un album-photo sur cette section de parcours, est installe, en page d`accueil)

Publié dans Irkoutsk ::: Pekin

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Bravo pour tes images tu es un vrai pro <br /> On a pas pu te dire au revoir mais c'est comme si tu n'était jamis parti ...grace à ce site..tu nous fais réver et toi<br /> PROFITE <br /> plein de bisous
Répondre
J
Bien triste d'apprendre que le voyage à deux ne se poursuit pas. A côté, les commentaires et l'album-photo de votre parcours en train jusqu'à Oulan Bator réjouissent et réchauffent (quelques photos rappellent le Viêt-nam : le mélange des couleurs des habitations par exemple, la facade d'une pagode, les sourires). Et pendant ce temps, on est assis sur notre chaise... mais le ciel est clair et bleu et il s'élargit.<br /> <br /> Bises de jairhum
Répondre
N
Fondre dans l'enchantement et fixer l'envie d'ailleurs..jusqu'au bout..la réaliser.
Répondre
M
Devant l'écran du Samtron55E, nous (Virginie, Jerome et moi-même) ouvrons de grands yeux avant d'échanger quelques petits mots. Une humidité glacée plane depuis quelques jours sur la salle des profs, mélange de fin d'été et de début d'automne. Elle trouve en votre dernier message une façon de double. Je vous embrasse.
Répondre
S
Je voulais faire mon "originale" et poster autre part que dans "Irkoutsk irae" ;-) .. Je m'étonne un peu de voir que la séparation de Bonnie & Clyde provoque plus de remous que la description du voyage en tant que tel... <br /> Quoi qu'il en soit,ici ou ailleurs, mes pensées vous accompagnent...<br /> Sab
Répondre